2010/03/09

Le Père Jacques


« Au revoir, les enfants. Et à bientôt. »

Né en 1900 à Barentin, près de Rouen, Lucien Bunel doit à sa détermination sans bornes d’entrer au Séminaire en 1912, alors que sa famille est pauvre. Il veut être un « grand monsieur le curé ». Petit séminaire, grand séminaire, Lucien, de nature bouillonnante, comprend que c’est en lui que la conversion doit s’opérer. Durant ces années de formation, il découvre la déchristianisation des campagnes et, surtout, les enfants laissés à eux-mêmes. Véritable appel pour lui à être sans restriction apôtre et éducateur, vocation à laquelle il se donne dès lors sans compter. Nommé professeur dans un collège du Havre, ordonné prêtre en 1925, c’est en s’oubliant lui-même et en n’existant que pour l’autre qu’il livre toute ses énergie, dévoré par mille activités.

En 1931, sa décision est prise : il entre chez les Carmes de Lille, attiré par la vie d’oraison. En 1934, il est nommé directeur du Petit Collège d’Avon que les Carmes viennent d’ouvrir. Il y déploiera pleinement son charisme d’éducateur qu’il comprend comme un véritable appel de Dieu pour son temps, alors que les thèses fascistes et nazis font leur chemin dans les esprits.

En 1939, la guerre éclate et le P. Jacques est mobilisé. Un an plus tard, c’est la défaite française et bientôt, l’occupation. Le P. Jacques est bouleversé par l’oppression et la persécution que subissent les Juifs. Que faire ? C’est ainsi qu’il entre, presque naturellement, dans la résistance, le Petit Collège servant à cacher des réfractaires au S.T.O., des résistants et surtout des enfants juifs, inscrits sous un faux nom.


Mais, en 1944, il est arrêté par la Gestapo, avec 3 enfants juifs cachés au collège. Il aura cette phrase, immortalisée par le film de Louis Malle : « Au revoir, les enfants, continuez sans moi ». Transféré alors de camp en camp, jusqu’à Mauthausen, le P. Jacques est auprès des déportés un témoin d’humanité, de charité et d’espérance.

Le 5 mai 1945, le camp de Mauthausen, où le P. Jacques vient d’arriver, est libéré. Exténué, il trouve encore la force de représenter les Français aux réunions du Comité International des Déportés. Mais l’épuisement le rattrape, et il s’éteint le 2 juin 1945 à l’Hôpital de Linz.


Le 9 juin 1985, la médaille des Justes lui est décernée par l’Etat d’Israël. Le 29 avril 1997 s’est ouvert le procès informatif diocésain pour la canonisation du père Jacques de Jésus.

Couvent des Carmes
4 cité du Sacré-Cœur, 18ème arr.