2009/08/20

Jacques Fesch

Béatifier un jeune homme guillotiné pour meurtre par la justice française !

L’itinéraire de Jacques Fesch, né le 6 avril 1930 à Saint-Germain-en-Laye - mort guillotiné le 1er octobre 1957 à Paris, a parlé à des lecteurs du monde entier après la publication de son journal de prison intitulé « Dans cinq heures je verrai Jésus » et de sa correspondance, sous le titre « Lumière sur l’échafaud ». Un travail d’édition effectué avec l’aide d’une carmélite, Sœur Véronique. Sa veuve, Pierrette, et sa fille très aimée ont défendu courageusement sa mémoire.

Le 21 septembre 1987, une instance en béatification est mise en place afin d’étudier les faits relatifs à la vie et à la conversion de Jacques Fesch. En décembre 1993, le cardinal Lustiger, archevêque de Paris, a ouvert l’enquête préliminaire à la béatification de Jacques Fesch : « J’espère, a-t-il dit, qu’il sera un jour vénéré comme une figure de sainteté. »

Fils de Georges Fesch, banquier et artiste belge, descendant du cardinal Joseph Fesch, oncle maternel de Napoléon Bonaparte, Jacques Fesch (1930-1957) épousa Pierrette à Strasbourg, le 5 juin 1951, enceinte de leur fille Véronique. Jacques Fesch est aussi le père d’un fils d’une autre union, Gérard. Projetant d’acheter un voilier, il attaqua, le 25 février 1954, rue Vivienne, à Paris, le changeur Sylberstein pour lui voler des pièces d’or, en tentant de l’assommer. Mais la victime réussit à appeler à l’aide, et Jacques Fesch fut poursuivi par un agent de police, Jean-Baptiste Vergne. Se retournant, Jacques Fesch qui gardait son revolver dans sa poche, tira au jugé, étant très myope et ayant perdu ses lunettes. C’est le drame. Le policier est atteint en plein cœur. Jacques Fesch est arrêté quelques minutes plus tard dans le métro.

Son procès a lieu dans un climat terrible : l’opinion publique et les journaux se prononcent pour l’exécution. Mais pendant son incarcération, Jacques Fesch manifeste un profond regret de ce crime commis dans un moment de panique, et se tourne vers Dieu, retrouvant la foi perdue dans sa jeunesse. Il vit trois ans et demi d’un véritable cheminement mystique. Il s’en ouvre dans sa correspondance avec des proches, notamment le frère Thomas et sa belle-mère, et recueille ses pensées dans son journal.

Puis, la demande de grâce ayant été rejetée par le président de la République, René Coty, il accepta son sort avec un courage exceptionnel. Il accueillit la nouvelle de sa condamnation à mort avec une sérénité surnaturelle et se maria religieusement avec son épouse Pierrette la veille de son exécution.

Jacques Fesch est guillotiné le 1er octobre 1957 dans la cour de la prison de la Santé par le bourreau André Obrecht.

Le vendredi 29 octobre 2004 : une cérémonie a eu lieu en l'église de Notre-Dame-des-Victoires à Paris : lecture d'écrits de Jacques Fesch et de Sainte Thérèse par Robert Hossein et Candice Patou en présence des deux petits-fils de Jacques Fesch

2 commentaires:

Danou a dit…

J'ai toujours été une adversaire inconditionnelle de la peine de mort et ne peux, à ce titre, que déplorer l'exécution de J.Fesch. Je l'aurais d'ailleurs également déplorée si je n'avais pas été adversaire de la peine capitale car ce jeune homme, dont tout démontre qu'il a été un assassin d'occasion et non un criminel dans l'âme, me paraissait récupérable.

Cela dit, je reste confondue devant ce projet de béatification ou de canonisation, je ne sais plus).

Condamner son exécution est une chose. Se réjouir qu'il ait pu, avant de mourir, prendre du recul sur son acte et découvrir une foi en un absolu qui l'a probablement aidé à accepter son supplice, également.
De là à en faire un saint ...

pmlg a dit…

Ce premier commentaire de 2009 est bien lointain... La parution récente des œuvres complètes de Jacques Fesch m'incite à poursuivre les commentaires. Je ne sais pas si le terme œuvres convient car je dirais que Jacques Fesch n'a pas écrit pour laisser des œuvres mais pour laisser un témoignage, bouleversant, de la transformation qui s'est opérée en lui pendant ses trois années d'incarcération.
Ce qui intéresse aujourd'hui ce n'est plus la justice humaine qui devait passer et jouer sa fonction. On peut comprendre (même si c'est difficile) que des oppositions virulentes se soient manifestées lors de son procès et des suites jusqu'à son exécution. Le temps de la justice est passé.
Aujourd'hui est venu le temps de la miséricorde en cette année que le pape François a ouverte.
Il sera toujours difficile de comprendre comment l'âme d'un homme peut être aussi profondément changée dans les conditions si particulières de l'incarcération et dans la perspective qui était la sienne de son exécution.
Au fond ce qui compte n'est pas de "faire un saint" : un saint n'est pas fait, même par un procès de béatification et de canonisation ... Il se fait lui-même par sa relation avec Dieu. Les "Œuvres de Jacques Fesch" sont là, et heureusement, pour nous rappeler à tous que quelles que soient notre condition et les circonstances de notre vie nous sommes appelés à la sainteté... mais pas dans la perspective première de figurer au calendrier des saints.
En revanche, pour un Jacques Fesch qui se convertit combien d'inconnus qui se détruisent dans l'enfermement carcéral et qui ne trouvent personne pour leur venir en aide.